En préambule de son intervention Jean-Pierre Le Dantec a souligné la nécessité d’accompagner le renouveau actuel de la création jardinière d’un renouveau de la pensée.
Pour appuyer sa réflexion, il a notamment présenté les notions de physis et thesis. Rappelons que l’Antiquité a défini la physis comme étant la nature, ce qui est né et qui croit, donc comme une force vitale qui échappe à l’homme alors que la thesis désigne la prise humaine sur un monde dont l’homme fait lui-même partie. Ainsi, appliqués aux jardins, ces deux aspects permettent de justifier à la fois les jardins réguliers et les jardins « naturels ». Car pour certains la symétrie est une loi de la nature et permet donc de justifier les jardins réguliers, pour d’autres la prolifération « sauvage » de l’écosystème est seule naturelle mais cet écosystème n’a t-il pas été plus ou moins défini par l’homme et ses réalisations ? Finalement, l’art des jardins entremêlent physis et thesis comme dans les jardins verticaux ou nourriture, irrigation et sciences botaniques conduisant aux choix des végétaux, domaines relevant de la thesis se combinent avec la croissance et la vie du mur réalisé, étape du la physis.
Deux ouvrages de JP Le Dantec permettent d’approfondir le sujet : Poétique des jardins, Actes Sud 2011 et Le sauvage et le régulier, Art des jardins et paysagisme en France au XXème, Le Moniteur 2002. Le premier ouvrage est constitué d’une dizaine d’essais thématiques riches en citations et en pistes de réflexion (la clôture, la nature, le paysage, la science, les eaux…); le second se présente comme une histoire de l’art des jardins français au XXème, illustrée de documents d’époque et enrichie de nombreuses citations.
« Le jardin, c’est la plus petite parcelle du monde et puis c’est la totalité du monde. Le jardin, c’est, depuis le fond de l’Antiquité, une sorte d’hétérotopie heureuse et universalisante. » M. Foucault
« L’art se mêlant à la nature, on ne saurait discerner si elle est l’oeuvre de celui-ci ou de celle-là ; et même tantôt le jardin apparaît à autrui comme un artifice naturel, tantôt comme une nature artificielle. » C. Tolemei 1543
» Confondre le jardinage avec l’art des jardins est une erreur. Réduire la promenade à la marche, une bévue d’égale importance ». L. Aragon
En préambule d’une promenade aux Buttes-Chaumont en compagnie de deux amis, Aragon écrivait » Enfin nous allons détruire l’ennui, devant nous s’ouvrait une chasse miraculeuse, un terrain d’expériences où il n’était pas possible que nous n’eussions mille surprises et qui sait une grande révélation qui transformerait la vie et le destin. «